20 ans déjà depuis « Jeune et con » en 1999. Mais limiter cet artiste à cet unique titre c’est passer à côté d’une riche et diversifiée discographie de 12 albums, dont un double, trois triples et même un tout récent quadruple album intitulé « Ni-Dieu Ni-Maitre ». 20 ans d’une carrière sans concession. Et pour fêter ça il a remplit le chaudron parisien de Bercy mardi soir pour un concert fiévreux, malgré un état de santé franchement inquiétant (ayant passé la quasi-totalité du concert assis et se déplaçant difficilement). La clope, le whisky et tout le reste ça use, parce que là aussi le bonhomme est sans concession. Aller voir SAEZ en concert c’est prendre le risque du meilleur ou du pire, de vivre un moment de grâce musicale absolue ou de se perdre dans les tourments de sa personnalité et de son humeur elles aussi sans concessions. Il était ce jeudi soir sur la scène de Forest National !

 
Et c’est vers 20h15 que la salle est plongée dans l’obscurité la plus totale. Le visage d’une jeune femme apparait sur une grande toile qui cache la scène. il s’agit d’un monologue en forme de réflexion poétique sur notre société moderne et sur l’amour. La toile disparait ensuite et une ombre légèrement voutée monte alors seule sur scène. Damien Saez s’installe lentement dans un grand siège en velours rouge et saisit une guitare acoustique, éclairé par un discret spot blanc. Les premières notes du titre “L’humaniste” résonnent alors dans une salle qui hésite entre le silence monacal et une excitation quelque peu bruyante. Résultat : Damien balance un “chuuut” quelque peu irrité entre deux paroles, histoire de mettre un peu d’ordre dans tout ça. Il enchaine ensuite avec “Les enfants paradis”, en hommage aux victimes du Bataclan. Les briquets s’allument un peu partout dans la salle. Toujours seul avec sa guitare, Damien livre le fragile et écorché “Tango” où il hurle Je danse avec la mort, je danse avec l’amour. Son timbre et sa puissance vocale n’ont pas changés et restent si singuliers.
 
 
Au bout d’une grosse demi-heure de poésie et de mélancolie acoustique Damien est rejoint par ses sept musiciens. A partir de là ça va envoyer du rock bien couillu et révolté. Une batterie, un clavier, un accordéon, une basse, et trois guitares, voilà comment sont joués les titres ce soir. “Betty” fait la transition entre cette partie acoustique et cette partie rock, presque punk par moment. A partir de là l’enchaînement est intense et sans temps mort. Dans le désordre : “Des petits sous”, “J’accuse”, “Pilule”, “Fils de France”, “Burqa”, “Marianne”, “Rue de la Soif”, “Bonnie”. La puissance musicale de l’ensemble est énorme, la fosse se déchaine et sur scène Damien est debout, il chante, il hurle et il danse diablement mal, mais se déchaine lui aussi. Alors que le concert avait débuté un peu froidement, l’humeur du bonhomme semble s’être bien détendue et son enthousiasme en est presque surprenant. L’accordéon trouve joliment sa place dans les rythmes et mélodies de cette sauvagerie rock’n’roll. Après une grosse heure de cette furie le groupe quitte la scène.
 
 
C’est l’heure du rappel avec l’incontournable “J’veux qu’on baise sur ma tombe” qui s’étire dans une version XXL où chaque musicien quitte la scène  pour laisser l’honneur à l’accordéoniste de venir poser la dernière note, accompagné par un public chantant la mélodie en chœur. Damien a quant à lui déjà quitté la scène depuis longtemps.
 
Alors que les lumières commencent doucement à se rallumer le public ne bouge pas et continue à crier. Finalement au bout de plusieurs minutes Damien revient sur scène et commence à négocier un rappel avec son staff. Ça ne faisait donc pas partie du programme initial. En guise de conclusion il livre une version guitare voix du titre “S’ils ont eu raison de nous”. Il quitte la scène pour de bon, le sourire aux lèvres, avec ces derniers mots : Merci à vous d’être venus, soyez prudents, rentrez bien.
 
 
En conclusion on a passé une soirée intense, aussi bien dans l’émotion de l’acoustique que dans l’énergie du rock. On a quand même été surpris que le concert ne dure “que” 2h15 (Saez étant coutumier de concerts qui durent plus de trois heures), l’obligeant à zapper quelques titres incontournables de son répertoire. Mais vu son état de santé actuel il valait probablement mieux ne pas trop tirer sur la corde. Fais quand même gaffe à toi Damien parce que des concerts comme celui=ci on voudrait bien encore en vivre un bon paquet.

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