A l’occasion de la sortie d’un titre inédit depuis 2012 et de futurs projets qui n’attendent que le retour à la normale pour se réaliser, nous avons interviewé une icône internationale des années yéyé, qui n’est autre que Sheila ! On a parlé confinement, écologie, et bien sûr musique, avec cette artiste aussi intemporelle que spontanée.

Solenn pour ScènesBelges : Bonjour Sheila, en cette période un peu particulière post-confinement, comment vous portez-vous ?

Sheila : Bonjour, écoutez ça va très bien. Par contre le confinement comment vous dire… Ce fut comme si on avait mis un papillon dans un bocal. Je me suis beaucoup agitée à ne rien faire, et je me suis beaucoup contrariée car plein de dates ont été annulées. J’ai pas l’habitude de rester chez moi, je bouge tout le temps, mais heureusement j’ai la chance d’habiter en campagne au milieu des champs ; ce fut un gros avantage à ce moment-là !

SB : Avez-vous su rester créative et productive durant cette période ?

Sheila : Bien sûr, attendez, sinon je meurs moi (rires) ! J’ai appris à me servir d’instagram, tous les dimanches après-midi je faisais des lives : c’était le Sheila Tea Time ! Avec le groupe qui m’accompagne H-TAAG on a aussi fait des chansons, des choses un peu fun, bref on s’est amusés comme on a pu.

SB : En parlant de création, vous allez sortir ce 5 juin, 7e continent, un morceau piano/voix totalement inédit, le premier depuis 2012 !

Sheila : Pour vous raconter l’histoire, j’ai fait une émission de télé récemment qui s’appelle « La boîte à secrets » et j’ai chanté cette chanson-là uniquement en piano/voix. Puis par la suite, cette formule est restée. En fait tout cela était l’idée de mon manager, ‘faut dire aussi que je n’avais jamais fait de nouvelle chanson en téléchargement, comme quoi je suis au taquet moderne à mort (rires) ! Mais ça a fonctionné, et le titre est rapidement devenu n°1 sur Amazon Music avec énormément de pré-commandes. Ça faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivé !

SB : Pouvez-vous nous parler de la genèse de ce single ?

Sheila : Après avoir vu un reportage sur ce fameux 7e continent de plastique, j’ai demandé à Amaury Salmon qui est auteur, qu’il m’écrive une chanson à ce propos. Je lui ai expliqué ce que je voulais, comment je le voulais, et il a exactement retranscrit mes pensées ; c’était une commande quelque part. Je suis une grande amatrice de la nature, de la mer… j’adore ça. Et quand je vois la dégradation de notre écosystème, je me dis qu’il faut en parler. Quitte à en faire râler certains, plus on le rabâchera, mieux ce sera.

SB : D’autant plus que ça nous concerne tous, ainsi que les générations à venir…

Sheila : Mais oui ! Vous savez, je pensais que cette période allait faire prendre conscience aux gens que tous ces événements n’arrivent pas par hasard, mais après le déconfinement en plus du plastique habituel traînant par terre, maintenant il y’a aussi les masques et les gants … Ça me désole, quand est-ce que les gens vont se dire “Il faut que ça cesse” quoi !

SB : A la suite de ce single, avez-vous un album en préparation ?

Sheila : Oui, avant tout ça j’étais en plein enregistrement d’un album qui normalement devait sortir à l’automne. Bien évidemment tout a été stoppé net, car on ne peut pas être beaucoup en studio, donc il sortira en début d’année prochaine.

SB : Sur une thématique aussi engagée ?

Sheila : Alors non, il y’aura bien sûr ce titre engagé qui est 7e continent, mais aussi trois ou quatre chansons qui seront sur des thèmes personnels, comme la rumeur par exemple. On aura la nouvelle production de Nile Rodgers mais aussi celle de Keith Olsen qui nous a récemment quittés, sur des textes qu’auront écrits des auteurs bien spécifiques. Après on aura également des chansons françaises qui ne seront qu’optimisme, car je le suis énormément, et je veux donner la possibilité aux gens d’avoir le moral ainsi que l’envie de chanter !

SB : Une fois cette guerre froide sanitaire passée, comptez-vous remonter sur scène pour le défendre ?

Sheila : C’est pas que je compte, mais je meurs d’impatience de remonter sur scène ! J’avais des concerts en avril qui se sont annulés, dont deux Belgique qui ont été reportés, mais on vient à nouveau de nous les annuler. C’est compréhensible, mais pendant ce temps-là nous les artistes, on est un peu les oubliés de l’histoire et ça c’est très difficile à gérer. Quand je vois des manifestations où il y’a des milliers de personnes agglutinées les unes sur les autres, et qu’à côté on nous dit que pour de futures représentations il faudra trois sièges vides entre chaque personne, c’est du grand n’importe quoi…

SB : En parlant d’album, on fête cette année les 40 ans de « King Of The World », aviez-vous conscience à cette époque-là que votre carrière était en train de prendre un tournant ?

Sheila : Alors pas du tout, j’avais la conscience de travailler et d’être produite par des américains, ce qui était quand même très rare pour une petite française ! Ils m’ont emmenée dans les Charts où j’ai atteint la 5e place avec Spacer, c’était complètement fou à cette époque. Et puis, je n’imaginais pas que 40 ans après j’en serais là. Spacer c’est quand même un titre planétaire, toute générations confondues. Il n’y a pas encore longtemps quand on était en studio, Nile Rodgers me disait que quand il jouait ce titre en concert, dès les premiers riffs de guitare, tout le monde chante et quel que soit le pays ! C’est fantastique.

SB: Comme mentionné précédemment, vous travaillez toujours avec Nile donc ?

Sheila : Bien sûr! Récemment je l’ai contacté pour qu’on travaille ensemble sur mon nouvel album, je m’attendais à ce qu’il me fasse juste les guitares mais finalement il m’a écrit une chanson qui s’intitule “Law of Attraction“. Franchement vous allez voir, on est pas mal non plus sur ce coup-là (rires) !

SB: Le 26 juin, vous sortez une réédition un peu spéciale de King Of The World, pouvez-vous nous en dire plus ?

Sheila : On a voulu marquer le coup pour les 40 ans de l’album avec un immense coffret avec un contenu exclusif en plus de la réédition de l’album en vinyl. Il y’aura donc pas mal de surprises, avec un livret, des interviews, des photos inédites… C’est un très bel objet.

SB : On imagine que cette sortie sera hautement symbolique pour vous.

Sheila : Ça représente beaucoup pour moi, et surtout ça représente une grosse partie de ma vie quand même… 40 ans, ça commence à faire (rires) !

SB: Une dernière chose que nous aimerions savoir, quel est dont votre secret pour autant tenir dans la durée en tant qu’artiste ?

Sheila : Vous savez, moi j’aime prendre des risques. J’aime partir là où on m’attends pas, et j’aime énormément la folie de ce métier. Si on est quelqu’un de “planplan”, il faut pas faire ce métier, par contre si on aime vive dangereusement on y va. Mais surtout, j’aime me remettre en question; un artiste n’a jamais fini d’apprendre, on peut toujours évoluer. J’ai fait beaucoup de choses dans ma vie, mais au final ce qui m’intéresse c’est ce que je vais faire demain. Je vis dans les projets, dans le futur, sans trop regarder en arrière.

SB: Merci beaucoup pour cet agréable moment Sheila, on espère vous retrouver très vite sur scène en Belgique.

Si tout va bien, on reviendra en Belgique début 2021. Restez-bien informés, on sait jamais ce qui peut se passer d’ici là !

Propos recueillis par : Solenn Gousset

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