“De la musique, rien que de la musique”. Voici le programme pour cette nouvelle soirée dans le Parc Extérieur du BOTANIQUE dans le cadre des NUITS 2020. Les deux groupes qui se produisent ce soir sont 100% instrumentaux. Une fois n’est pas coutume, le Botanique défriche, déniche et met en avant la scène locale dans le cadre de son festival annuel. L’affiche est donc belgo-belge ce soir avec  les bruxellois de ECHT! en ouverture et le fantastique duo tournaisien de GLASS MUSEUM en tête d’affiche. Duo qui a récemment gagné un concours de remix du titre “Nouveau Monde” de Rone (à écouter ICI)! Et comme la veille avec Glauque et Süeür, c’est à une soirée d’hybridation musicale que nous avons assisté, où se sont croisés et parfois entrechoqués musiques électroniques, jazz, piano classique, hip-hop, sampling et sonorités plus rock.

La météo est bien plus clémente et accueillante que la veille (comprenez par là qu’aucune goutte de pluie n’est annoncée ce soir) lorsque nous arrivons au Botanique. Le public s’est malgré tout équipé de chaudes doudounes, de bonnets, d’écharpes, de gants et de son masque bien entendu. Le temps de passer prendre une bière au bar (probablement la dernière avant que les poules n’aient des dents à Bruxelles) et nous voilà assis dans les jardins du Botanique. Le quatuor de Echt! entre en scène et entame son set de 40 minutes avec un piano aux mélodies qui sentent le jazz. Il est rapidement rejoint par une basse bien chaude et une batterie posée aux relents d’un trip hop tranquille. Le rythme se fait ensuite plus rapide et plus dansant. Le light show devient lui aussi plus dynamique. Cet ensemble au demeurant assez classique se retrouve rapidement appuyé par des samples dont les triturages électroniques “trappizant et foutraque”, pour reprendre la propre expression du groupe, s’accordent assez bien.

Le groupe va alterner entre passages plus “lounge” et autres envolées plus sauvages comme le jazz peut en offrir. Et puis parfois ça vire carrément à l’électro débridée par l’intermédiaire d’une guitare et de la magie de ses pédales d’effets. Difficile de ne pas au minimum taper du pied et hocher la tête. Les danseurs se font d’ailleurs connaître dans le public en se mettant à gesticuler un peu partout. La guitare vient aussi régulièrement se poser en conquérante massive par des solos héroïques au cours d’un long morceau s’étirant durant un bon quart d’heure. Le dernier titre est lancé au son d’une basse très lourde et de sonorités rock bien nerveuses et acérées, comme des groupes comme Mogwai peuvent parfois les pondre. Nous voilà bien loin de l’univers jazzy tranquille et ensoleillé du début du set. Tout ça sous une avalanche finale de stroboscopes. Tout le monde est debout pour saluer leur fin de set.

La nuit noire, mais étoilée (et donc glaciale), est tombée sur les jardins du Botanique lorsque Glass Museum entre en scène sur le coup de 20 heures. On retrouve sur scène une batterie et quelques paddles d’un côté. De l’autre côté, c’est un grand piano à queue ainsi que plusieurs claviers qui sont disposés. Le duo monte sur scène et prend place, pour un face-à-face qui va durer une bonne heure. Ils sont venus présenter leur dernier album nommé “Reykjavik”. Et ils entament leur set avec les titres “Nimbus” et “Sirocco” issus de cet album. Le piano est lumineux, le jeu virevoltant et surprenant : d’abord classiques, ce sont ensuite des sonorités plus électriques qui viennent nous faire nous envoler avec eux vers ce ciel étoilé. Idem pour la batterie qui semble jouer et slalomer entre douceurs atmosphériques et percussions bien viriles. Tout ça sous de belles lumières chaudes et étincellantes.

 

Avec Glass Museum, on ne sait plus bien où situer la frontière entre jazz, musique classique et électronique. Les deux musiciens jouent comme si ils étaient en train de discuter entre eux. Mais une discussion animée, en montagnes russes : l’un répondant à l’autre et vice-versa, la discussion étant parfois chuchotée, parfois difficile et lourde de sens, parfois carrément tumultueuse et aussi (très souvent en fait) lumineuse et joyeuse, dansante. Les atmosphères sonores plus posées sont celles qui viendraient illustrer de doux rêves ou des moments poétiques, mais sans jamais être kitsch ou virer à l’eau de rose. Les rythmes se font ensuite plus entraînants et le piano déverse une mélodie qui nous fait par moment penser au légendaire “Children” de Robert Miles. Un beau et long voyage sonore.

C’est un public très hétéroclite qui s’est pressé ce soir au Botanique pour venir écouter, voir et danser sur les morceaux du duo. Et le titre “Reykjavik” porte le public dans cette énergie qui stimule tous ces sens. Lorsque le groupe repart dans des titres plus anciens (enfin tout est relatif) c’est pour explorer l’énorme “Electric Silence” dont la légèreté du piano qui débute le morceau se transforme en véritable machine à faire danser furieusement dans sa seconde partie, avec l’appui de cette batterie qui est alors martelée sans retenue. Et le groupe continue son voyage jusqu’au bout d’une galaxie musicale infinie avec un morceau qui nous rappellent le spatial “Mustang” de Buckethead, la guitare ayant été remplacée par des synthés dans le cas présent.

Glass Museum revient en rappel pour un dernier morceau inédit. Un titre composé durant le confinement. Comme souvent ce sont quelques notes de piano qui font débuter le morceau. Quelques notes inquiétantes et tendues qui vont libérer ensuite toute la puissance électronique du duo pour un final intense et lumineux qui va faire danser et crier avec enthousiasme un public qui en a bien besoin pour se réchauffer. Glass Museum réussit avec maîtrise à marier des styles musicaux différents, sans en occulter ce qui fait leurs richesses respectives et sans les bousculer non plus. Un délice à l’oreille, en plus d’un visuel live épuré mais inspiré.

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