Alors que le second confinement est amorcé pour les raisons que tout le monde connait, on voudrait juste revenir quelques mois en arrière au moment du premier confinement : beaucoup de médias radios et télés nationaux francophones ont “par magie” découvert qu’il existait une scène belge musicale de qualité et hyperactive. Car oui, il a fallut attendre ce confinement qui a fragilisé un peu plus le statut des artistes, déjà franchement bancal en temps normal, et qu’ils forment une sorte de “front commun syndical” pour que les médias leurs donnent voix au chapitre. On a entendu ci et là qu’on ne les diffusait pas, ou alors à des heures improbables de la nuit, car ils n’étaient “pas suffisamment qualitatifs” dans ce qu’ils proposaient. Alors même si le chemin pour imposer des quotas de diffusion, comme dans beaucoup d’autres pays voisins, est et sera encore très long, ça avance malgré tout.

©Diego Crutzen

Et donc où veut on en venir finalement avec notre attaque un peu frontale et partisane qui entame cet article ? La réponse est bien simple : les médias veulent du qualitatif, donnons leur ce qu’ils veulent. Surtout qu’on en a un bel exemple ici avec le chanteur-compositeur OKAMY qui a sorti son premier album ce vendredi 30 octobre. Album au titre aussi évocateur que furieusement d’actualité : The Apocalypse Is Underwhelming (l’Apocalypse Est/Sera Ennuyeuse). Avec un titre en forme de sombre sentence énigmatique, on a voulu en savoir un peu plus et voilà ce qu’il nous a dit : “On aura une population attentiste et désintéressée qui se laissera mourir dans l’indifférence générale, pas Bruce Willis dans une navette spatiale qui va exploser un astéroïde. Certains abandonneront, d’autres parleront de complots. Je visualise ça comme un groupe de gens qui attendent leur bus la tête dans leur téléphone avec une forêt en feu juste derrière eux”. Sombre, grinçant et décalé à la fois. Sans basculer dans une vision dramatique des choses, il est difficile de ne pas faire le lien avec la situation actuelle de notre planète Terre et la situation inédite que nous connaissons aujourd’hui.

©Diego Crutzen

Mais qui est donc alors cet étrange personnage qui se cache derrière ce pseudonyme aux sonorités japonisante ? On retrouve Gordon Delacroix, fondateur du groupe belge Recorders. Groupe qui s’est distingué avec deux albums aux sonorités pop et rock aussi aériennes que lumineuses, en mode “grande chevauchée au travers des espaces sauvages”. Le bonhomme se lance désormais en solo. Quelques singles avaient déjà annoncés la couleur d’une pop sophistiquée et riches d’influences allant du rock (que Bloc Party n’aurait pas reniées) à l’électronique, parmi d’autres petits détours d’influences bien équilibrés. Un album qualitatif donc, mais jamais élitiste ou excluant. Un album de pop-rock dans ce que cela a de plus noble. Tout ça porté par une voix douce, rauque et parfois délicieusement nerveuse. Les 14 titres de l’album coulent dans l’oreille comme une rivière parfois calme comme à l’aube d’un nouveau jour, et parfois agitée dans des rapides rocheux et tumultueux. On ne s’ennuie jamais en fait à l’écoute de ce CD.

©Diego Crutzen

L’année passée Okamy a aussi posé sa voix sur le premier album du producteur belge Loyd. Album sorti l’an passé et dont le titre est… “A Post-Apocalyptic Modern Art Gallery”. Il est donc décidément toujours question de fin du monde sur ces premiers albums. Mais chaque geste et chaque initiative comptent pour rendre le monde meilleur et ainsi ne pas rester stoïque face au spectacle déstructeur qui se déroule sous nos yeux. Okamy en a donc profité pour faire la promotion de refuges animaliers et plus globalement de l’adoption animale dans son dernier clip. Cette cause lui tient à cœur, il en a dès lors fait l’objet de son dernier clip. Pour info, les 9 chiens et la poule (oui oui) présents dans le clip sont à adopter réellement. Voilà donc autre chose après le clip de Julien Doré qui danse avec des dinosaures.

Okamy est aussi surprenant qu’intéressant et intriguant. Il sera en concert au Botanique le 27 février 2021, si tout va bien. Chez Scènes Belges on croise les doigts pour que ça soit le cas parce qu’on compte bien y aller et car cela signifiera que la situation critique actuelle de nos hôpitaux ne le sera plus. Ce concert sera l’occasion de présenter et défendre ce premier album qui est disponible sur tous les sites de streaming musicaux habituels (Spotify, Deezer et Apple Music)

Please follow and like us:
error
fb-share-icon