2020 n’aura été, n’est et ne sera définitivement pas une année comme les autres. “Année du chaos”, “année perdue”, “année étrange”, “année de m…”, appelez la comme vous voulez. Au delà de l’actualité et de la situation actuelle, tout n’est pas forcément à jeter à la poubelle en 2020. Malgré l’annulation de la toute grande majorités des festivals cet été, malgré la fermeture suivie de la reprise en mode mineur des concerts et finalement la re-fermeture des salles de concerts, on a quand même vu et entendu de bien jolies choses venant du Royaume de Belgique. C’est pourquoi la rédaction de SCÈNES BELGES vous propose un éventail, forcément incomplet, de ses coups de cœur musicaux. Et on commence avec le premier acte qui est consacré aux artistes belges qui nous ont marqués et ont fait chavirer nos petits cœurs ces derniers mois.

Image issue du livret de l’album “A Decade of Dance” du groupe THE SUBS

Et on commence avec les Namurois de GLAUQUE qui sont le coup de cœur de notre photographe Joanna. On vous a déjà écrit tout le bien que l’on pensait de ce groupe qui revendique son influence musicale principale auprès des français d’Odezenne : aux frontières du rock, du rap et de l’électro. Ils ont sorti leur premier EP au printemps, porté par leur single ultra-ravageur “Vivre“. On les avait rencontrés à cette occasion (interview à lire ICI). Et comme le confinement les a forcés à annuler tous leurs concerts, ils sont retournés en studio retravailler leurs morceaux. Il en a découlé un vinyle présentant des facettes très différentes mais franchement couillues de leurs titres. Sans parler de leur concert en plein air cet automne (avec de la pluie et un vent glacial) aux Nuits Bota (compte-rendu à lire ICI). On attend donc maintenant avec impatience leur premier album.

On continue avec notre rédacteur Jean-Yves, il a quant à lui jeté son dévolu sur le duo électro-jazz Tournaisien de GLASS MUSEUM. Ils ont sorti cette année un album de grande classe et d’une belle maturité musicale : “Reykjavik“. Le duo batterie-synthés/piano réussit le tour de force d’attirer l’attention d’un public très diversifié, avec aussi bien des amateurs de musiques dites “classiques” et de Jazz souvent un peu plus âgé, que des jeunes qui se sont laissés charmés par leurs mélodies tournoyantes et les sonorités électroniques sobrement travaillées de leurs compositions. On a aussi eu l’occasion de les voir cet automne en plein air dans les jardins du Botanique (le compte-rendu se trouve par ICI), et ce fut un beau moment passé dans la nuit glaciale de la capitale. Leur remix du titre “Un nouveau Monde” de Rone a également été sélectionné, par l’artiste électro Français lui-même, pour figurer sur l’album de remix des titres de son dernier album en date !

Il y en a toujours qui ne savent pas respecter les consignes et qui ont besoin de se faire remarquer. Jean-Yves fait partie de ceux-là, incapable qu’il a été de choisir et de nous donner seulement un artiste coup de cœur. Il ne voulait pas terminer 2020 sans nous parler du jeune duo Coline & Toitoine. De la fraîcheur, de la légèreté, et de la classe caractérisent leur musique pop, où la voix de Coline résonne de manière délicate et légèrement brisée sur un fond d’arrangements électroniques discrets. Cette spontanéité musicale quasi-juvénile n’est pas pour autant niaiseuse ou naïve. Coline & Toitoine sont la réponse en forme de parenthèse lumineuse face à un contexte et une actualité qui n’invitent franchement pas à s’autoriser l’insouciance du souvenir de nos 20 ans, comme dans leur dernier titre “North”. Avec quelques titres déjà en ligne, ils ont aussi offert un splendide concert cet été en première partie de Konoba au sein de l’Abbaye de Villers-La-Ville (le compte-rendu est ICI).

Place ensuite à Gaël, notre Responsable Rédaction, qui nous parle des Louvanistes de BRUTUS. Ce sont les ambiances contemplatives de fin du monde se mêlant à de véritables tempêtes de riffs de guitares et de martèlement de batterie qui font la magie de ce groupe. Des ambiance que des groupes instrumentaux comme Mogwai, Russian Circles et God Is An Astronaut ne renieraient sûrement pas. Emmenés par la puissance vocale de leur chanteuse et batteuse (ce qui rend les performances live du groupe très impressionnantes), leur succès dépasse allègrement les frontières du pays, et s’étend même bien au-delà de l’Europe. Ils ont récemment sorti un album live, “Live in Ghent” qui retranscrit toute la puissance et l’énergie dévastatrice de leur rock sur-électrisé. Face aux mesures sanitaires imposées cet été, le trio en a aussi profité pour livrer un concert inédit en plein air à la Mer du Nord (Ostende) sur le toit du Fort Napoléon.

Retour vers la “team photographe” et le coup de cœur de Fabian : LOUS AND THE YAKUZA. Sa notoriété et son succès ont déjà largement dépassé les frontières du pays avec quelques singles et un premier album nommé “Gore”. Située quelque part entre la pop et le R&B, sa musique est à la fois douce et loin d’être dénuée de sens, accompagnée de textes aux thématiques parfois tumultueuses. Une artiste qui puise son inspiration dans la multiculturalité de ses origines et de ses racines. Les membres de Glauque, derniers vainqueurs en date du prix de “la révélation de l’année” dans le cadre des Décibels Music Awards, nous avait confié que ce même prix aurait du lui revenir à elle plus qu’à eux. Une belle preuve d’humilité et de respect pour le travail de cette artiste.

Et ce sont toujours nos photographes qui nous emmènent cette fois dans un registre bien plus rock avec THOMAS FRANK HOPPER, le choix de Christelle. Branchez les guitares, tournez le bouton de l’ampli au maximum, faites couler de la bière et mettez tout ça dans un club bondé et surchauffé (bon pour le dernier point il faudra un peu attendre malheureusement) et c’est parti pour une bonne séance de rock’n’roll bien chaude et suante, avec quelques effluves de blues portées par une slide-guitare et une voix puissante. L’influence anglo-saxonne de sa musique est évidente chez ce Brugeois qui a longtemps vécu en Afrique dont il revendique des influences musicales : c’est là que l’affaire devient plus surprenante et donc forcément aussi très intéressante. Il devait jouer en première partie des français d’Eiffel au Botanique il y a quelques jours, mais le concert est reporté au 18 avril 2021. On dit ça comme ça mais il y a encore des places.

On a également sollicité Bernard, un de nos administrateurs, qui nous parle quant à lui de DAVID NUMWAMI. Cet auteur-compositeur-interprète appartient à la génération du “do it yourself”, mais son CV mentionne malgré tout des collaborations avec Charlotte Gainsbourg, Flavien Berger ou Nicolas Godin du duo français Air. Tout ça l’a amené à pas mal voyager pour finalement proposer des titres décalés et mélancoliques, comme sur son dernier titre “Beats”. Après quelques singles et clips ironiquement oniriques, un premier album est attendu pour le début de l’année 2021. A suivre.

L’exploration des nouveaux talents locaux continue avec notre photographe Morgane qui a succombé au charme lo-fi, posé, tranquille et délicat de MEYY. Cette Bruxelloise âgée de 20 ans a sorti un premier EP en début d’année, « Spectrum ». Il y est question de confessions personnelles et très intimes. C’est juste délicieux a écouter, bien au chaud en cette période hivernale. L’ensemble sonne comme étant le résultat d’un travail réfléchi et mature, il faut dire que sa première chanson elle l’a écrite alors qu’elle n’avait que 14 ans. On vous recommande chaudement d’aller écouter tout ça.

WINTER WOODS : c’est le coup de cœur indie folk de l’année pour notre rédactrice Fanny. Originaire de Namur, ces 5 musiciens nous offrent une musique toute en émotion. Leurs instruments acoustiques sublimés par une magnifique voix nous plongent dans un univers de calme et de douceur. Chacune de leurs performances est un voyage au cœur de la musique traditionnelle, à l’image d’artistes tels que Ben Howard ou John Mayer. A défaut de pouvoir vibrer avec eux dans une salle de concert, n’hésitez pas à (re)découvrir leur album “Rosewood”, sorti en 2019, et qui les a propulsé jusqu’à nos oreilles. L’enchaînement de leurs morceaux vous donnera sans doute envie de vous poser au coin du feu, et la saison s’y prête parfaitement ! Malgré le contexte, ils ont livrés quelques jolis concerts cet été à l’Abbaye de Villers-La-Ville ainsi qu’à la Citadelle de Namur. N’hésitez pas à aller réserver vos places pour vibrer en live en leur compagnie le 16 octobre 2021 au Botanique, dont la Rotonde a affiché complet très rapidement, les “contraignant” à déplacer leur concert à l’Orangerie pour pouvoir accueillir plus de spectateurs.

Toujours du côté rédaction, Solenn nous a confié ses deux coups de cœur de l’année. Le premier n’est nul autre que YELLOWSTRAPS, déjà bien connu de la scène belge, qui a sorti début 2020 “Goldress”, un EP chargé de 8 morceaux dont on se délecte à chaque écoute. Un EP sous le signe d’influences anglaises trip/hop dotées de soupçons de jazz, de soul ou encore d’électro. Ce savant mélange a fait son petit effet auprès du public belge, notamment lors de la Fifty Fifty Session, où ils ont pu mettre à profit leur talent et faire opérer la magie. Tout concert étant annulé à peine un mois plus tard, les frères Murenzi ont crée le Yellockdown Project, avec un concept très simple : tout au long du confinement, ils ont invité par FaceTime divers artistes (Lord Esperanza, Swing, Primero…) afin de créer un morceau de A à Z, la vidéo du FaceTime servant de making of pour le clip. On valide le concept original, qui a abouti à une mixtape de 13 morceaux 100% home-made.

Deuxième coup de coeur de Solenn donc (qui elle aussi n’est pas en mesure de respecter la consigne donnée initialement), LYNA, une jeune artiste qui retourne le game urbain noir-jaune-rouge. Lyna s’est distinguée cette année par ses prestations scéniques assez remarquables. En février dernier (au temps ou aller gaiement à un concert faisait partie de notre quotidien), la jeune Louvaniste est passée sur les planches du Botanique pour y défendre “Lemon Haze”. Un concert énergique avec de sacrées bombes musicales dans l’intimiste Rotonde, qui a autant ravi les fans que les curieux s’étant déplacés pour l’occasion. Puis en août, Lyna s’est également distinguée lors de la Fifty Fifty Session organisée au VauxHall, une scène en plein air dans le Parc Royal de Bruxelles. Un concert bien différent puisque le format imposait au spectateur d’être assis, et qu’il leur était dès lors impossible de danser. Néanmoins Lyna ne s’est pas laisée faire, et a mis le feu comme jamais sur les planches du Vauxhall. Son univers hip/hop oriental aux accents U.S a conquis absolument tout le monde. Vous pouvez retrouver le concert ICI, ça vaut le détour !

Et c’est avec Cédric, notre responsable des accréditations (celui à qui on doit tout, il est un peu notre Dieu à nous), que l’on termine cette exploration musicale belge de 2020. Il nous parle de BALTHAZAR, un groupe déjà bien installé dans le paysage mais qui reste malgré tout son coup de cœur. C’est d’ailleurs l’un des rares concerts auquel il a pu assister cette année. Si vous ne connaissez pas Balthazar c’est un groupe mené par deux « dandy’s » et formé en 2004 déjà ! Ces Courtraisiens que sont Maarten Devoldere et Jinte Deprez chantent à tour de rôle sur des chansons aux sonorités toujours très reconnaissables. Ils ont commencé 2020 en terminant leur tournée avant de déjà doucement préparer et lancer la sortie de leur prochain album, “Sand”, prévu pour le 29 janvier 2021. Ils en ont déjà dévoilé deux titres : le lancinant « Losers » et le plus délicat « You won’t come around ». En attendant on peut se replonger dans leur déjà bien fournie discographie, d’un « Fever » faisant claquer les doigts à un iconique « Blood like wine » en passant par le presque jazzy « The oldest of sisters » et le dansant « Entertainment ». Sans oublier le tourmenté “The Man Who Owns The Place” qui avait été utilisé comme générique de la série belge La Trêve. Un prometteur début d’année 2021 s’annonce donc !

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