Scènes Belges n’a pas la vocation d’être une tribune politique, n’y d’avoir une ligne éditoriale qui soit dictée par un quelconque courant de pensée ou doctrine. C’est la passion et l’amour de la musique, des concerts et plus globalement de la culture vivante qui sont nos moteurs et nos guides à nous. On essaie de les partager du mieux possible avec vous. Cela peut paraître un peu innocent et cliché comme approche, mais on l’assume. On vous partage donc notre petite réflexion sur l’étrange année écoulée depuis le début de la propagation du Coronavirus et la fermeture des lieux culturels le 13 mars 2020, il y a tout juste un an. C’est donc à l’aube du printemps de l’année passée que la Belgique, l’Europe et le reste du monde sont entrés dans une phase inédite de l’histoire avec la propagation plus que galopante du Covid-19. Une phase inédite donc, car jamais depuis l’ère de l’industrialisation la population n’avait été soumise à de telles mesures restrictives de ses libertés. L’objectif étant d’éviter un carnage sanitaire. Bien sûr les périodes de guerres ont confronté les générations précédentes à ce genre de restrictions, mais le motif sanitaire n’avait jamais été jusqu’ici pris en considération avec un tel poids. L’histoire de nos civilisations est pourtant truffée d’épisodes de ce type, mais rien de comparable depuis un sacré bout de temps en tout vas. Rien qui ne puisse être évoqué par « les plus anciens ». Alors nous avons plongé tous ensemble, et bien malgré nous, dans l’inconnu d’un futur rendu incertain. Le virus ne fait pas de distinction de classes ou de rangs, et il ne met personne à l’abri. Une fameuse et douloureuse leçon d’humilité en quelques sortes. Les restrictions et autres mesures de prévention se sont succédé, il fallut trouver un très délicat et fragile équilibre entre préservation de la santé de la population et maintien d’une activité économique nécessaire pour éviter que tout le système ne s’effondre. Loin de nous l’idée de nous lancer dans une critique de l’économie moderne et de nos sociétés occidentales, de leurs forces et de leurs faiblesses. On a beau tous ruminer dans notre coin, accumuler les frustrations et désillusions depuis un an, peu d’entre nous aurait aimé être celui ou celle qui allait apposer sa signature pour valider les décisions liées aux confinements et déconfinements successifs. Et pour cause, décider et s’engager c’est aussi renoncer à un certain nombre de choses. Et c’est ici que nous en venons au sujet qui (nous) fâche : secteurs essentiels ou non ? Le monde politique belge a fait des choix qui sont discutables, mais c’est le principe même d’une décision. Discutons en alors ! Vous voyez où nous voulons en venir : quid de la culture dans tout ça ? [embed]https://www.youtube.com/watch?v=NencPkx7qgY[/embed] Petit rappel et résumé des événements : PRINTEMPS 2020 : confinement généralisé DEBUT DE L’ETE 2020 : déconfinement partiel avec possibilité d’organiser des événements culturels en respectant des protocoles sanitaires strictes. Quelques événements culturels et musicaux peuvent ainsi se dérouler dans ce cadre tout au long de l’été. AUTONME 2020 : reconfinement quasi-généralisé avec quelques mesures adaptées pour éviter une généralisation forcément imparfaite comme au printemps (on tire les leçons des expériences vécues). On voit aussi apparaître la rude mesure du couvre-feu. Un dangereux jeu de dénonciation par la population de comportements jugés “suspects” auprès des autorités se met aussi en place. On ne s’attardera pas sur ce dernier point. MARS 2021 : On en oublie sûrement (et on s’en excuse), mais à l’exception de tout le secteur événementiel et de l’Horeca, la vie économique a repris son court quasi normalement et avec des contraintes réduites ou appliquées de manière parfois aléatoire. Les perspectives sont floues et très timides. Nous insistions sur l’expression « La vie économique ». Au risque d’enfoncer une porte qui a déjà été plus que malmenée ces derniers mois par à peu près l’ensemble de la population, vivre en Belgique à l’heure actuelle se limite au très cliché et adapté « (télé)travail, magasins, netflix, promenade et dodo (à 22 heures pour les bruxellois) ». Il est vrai que dans l’absolu, avec ce schéma la vie économique a repris. Et tant pis pour le secteur de l’horeca. Et tant pis pour la culture et les arts vivants aussi. Le secteur de l’horeca est confronté à une contrainte qui est l’essence même de son activité et qui rend le sujet très délicat à gérer : comment contenir la propagation d’un virus qui circule par voie orale dans un lieu confiné ou pas, où les gens se rendent pour consommer de la nourriture et des boissons ? L’équation à mettre en place d’un point de vue pratique n’est pas simple. Et une fois encore, on ne voudrait pas être à la place des décideurs et experts (légitimes) pour régler ces questions. Mais concernant la culture, on avoue qu’on ne comprend pas où est le problème pour relancer l’activité. Il va falloir que quelqu’un nous explique pourquoi, depuis maintenant 5 mois, il est redevenu impossible et impensable de retourner dans une salle de concert/cinéma/théâtre ou d’assister à une représentation quelconque en plein air (bon ok c’était l’hiver et il était franchement dégueulasse), en respectant les règles de distanciations sociales, en respectant le fait de se voir attribuer une place fixe, en portant un masque, en assurant une ventilation des lieux clos, en obligeant les spectateurs à se désinfecter les mains (qui le fait encore dans les magasins ?), en procédant à la prise de températures à l’entrée du lieu, en mettant en place des fichiers de traçabilité, etc. Toutes ces mesures, tous ces dispositifs ont été mis en place l’été passé, nous avons eu l’occasion, en tant que spectateurs, de les observer et de les utiliser. Aussi bien en intérieur qu’en extérieur. Et on peut vous assurer que les organisateurs veillaient scrupuleusement à leur respect par les spectateurs, quitte à parfois devoir jouer les moralisateurs et freiner l’enthousiasme de certains d’entre-eux. Mais ils l’ont fait à chaque fois, ils ont joué le jeu. Nous pensons que le secteur de la culture et plus globalement de l’événementiel est celui qui a fourni le plus d’efforts, a fait le plus de concessions, a repenser sa manière de faire et d’être pour s’adapter au contexte. Et surtout, ils n’ont pas attendus que les autorités les contraignent a agir de la sorte, ils l’ont fait spontanément. Face au trou noir de ces 5 derniers mois, certains s’étonneront encore de voir les gens (jeunes et moins jeunes) se rassembler spontanément en plein air au Bois de la Cambre à Bruxelles ou au Parc de la Boverie à Liège, dans un joyeux bordel forcément désorganisé. Loin de nous l’idée que dans le futur tout doit être strictement encadré dans le domaine de l’événementiel, mais ne pas laisser de soupape de décompression et d’évasion à la population à l’heure actuelle et sur une si longue période, c’est prendre le risque de se confronter à des réactions aussi radicales que les mesures en vigueur, surtout lorsque elles demeurent incomprises et sans explications depuis si longtemps. Un certain durcissement des réactions de la population n’est pas à exclure face à ce mur silencieux qui semble les ignorer. L’événement Facebook La Boom prévu le 1er avril au Bois de la Cambre à Bruxelles, et qui rassemble plus de 50 000 personnes à l’heure actuelle en est la preuve. Il est devenu viral en quelques heures à peine. Cet événement est à prendre au second degré… mais on ne serait pas étonné de voir une partie des participants se rassembler malgré tout dans le Bois de la Cambre avec DJ, sono et tous le bazar le 1er avril. Cela aurait l’effet d’une… petite bombe. Les autorités de la Ville de Bruxelles doivent déjà être en train de réfléchir à la meilleure manière de quadriller le secteur ce jour là pour garder le contrôle de la situation. Une dernière petite chose pour la route : on constate que nos voisins ont commencé, depuis un certain temps déjà, à mettre en place des concerts-tests dans différentes configurations en vue de pouvoir relancer l’événementiel dans des conditions « safe ». La Belgique s’y est enfin mise aussi (voir notre article ICI), même si les contours en restent à l’heure actuelle très flous. Ce qui est certains c’est que l’initiative n’est pas venue du monde politique… Mais on nous glisse quand même dans l’oreillette que la Ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles vient de monter au front il y a deux jours avec la mise en place de 6 événements culturels tests, “quel fantastique hasard!” dirons-nous bien innocemment.]]>

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