Après une édition 2020 forcément trop silencieuse, LA FÊTE DE LA MUSIQUE a fait son grand retour du 18 au 21 juin à travers toute la Wallonie et Bruxelles. Le programme était très riche et varié, de quoi permettre à chacun d’y trouver son compte.

C’est tout d’abord du coté de Braine-le-Comte (Terres Sacrées de la famille Hazard!) que nous sommes partis nous perdre ce samedi 19 juin après-midi. “Nous perdre” car n’étant pas du coin, le fléchage n’était pas des plus instinctifs pour trouver le site de l’Arboretum au sein du Bois de la Houssière. Mais nous sommes finalement arrivés à bon port pour découvrir une jolie clairière au sein de laquelle trônait la scène qui allait notamment accueillir LO, ce jeune chanteur bruxellois qui a sorti son premier EP “Parades” cette année. Il a également remporté le concours Du F Dans Le Texte. Durant une grosse demi-heure il va proposer au public, déjà nombreux et attentifs, les titres de son EP, alternant piano intime et rageux (“Amsterdam”), sonorités électroniques (“Mort-né” et “Delphine”), mélodies au accents de jazz (“C’est pas du spleen”. Ses textes qui dépeignent le quotidien et les états d’âme de sa génération font toujours autant penser à Fauve, alternant chant, rap et slam.  Le garçon est seul sur scène pour tout assurer, parfois derrière son piano et ses machines, parfois debout armé de son seul micro. Une jolie prestation sans filtre et très pro à la fois.

C’est au tour de BAI KAMARA JR. d’entrer sur scène accompagné de son guitariste et de son batteur. Cet artiste d’origine africaine est venu nous présenter son dernier album, « Salone ». Mélange de roots, blues et soul music, alternant rythmes endiablés et douceurs qui rappellent très fortement le son des grands bluesmen des années 50, Bai Kamara Jr. se défoule sur scène et le public n’a qu’une envie : pouvoir se lever de sa chaise et danser. L’album « Salone », 6e de l’artiste, est particulier puisqu’il raconte son voyage en Afrique lors des funérailles de sa mère ainsi que tout l’aspect traditionnel qu’il a vécu autour de ce drame. Riche en émotion et puissante de caractère, cette prestation était parfaite pour mettre l’ambiance en cet fin d’après-midi.

 
LYLAC avait pour mission de clôturer la journée (à Braine-le-Comte tout du moins), et il l’a fait avec douceur puisqu’il s’agit d’un projet pop-folk. Nous avons eu la chance d’entendre en avant-première quelques morceaux de son nouvel album qu’il présentera ce vendredi 25 juin au Botanique, « I’m the Stranger ». Lylac nous a fait le plaisir d’ouvrir sa prestation avec son tube « Rebel Heart » issu de son précédent album, afin de mettre le public dans l’ambiance. Naturel et sympathique, échangeant énormément avec son public par rapport à l’histoire de ses morceaux, n’hésitant pas à jouer sur l’humour, Lylac nous a permis de nous évader jusqu’aux plaines d’Amérique du Nord et à son nul doute conquit son public. Le cadre du Bois de La Houssière était tout simplement parfait pour nous chanter et nous emmener en voyage dans la nature.

Nous continuons ensuite notre route en direction d’Ath où nous devions initialement assister à des concerts en plein air. Mais la météo décida de s’en mêler, et les prévisions annonçant que le ciel allait ouvrir plus qu’abondamment les vannes, les organisateurs rapatrièrent en dernière minute les concerts prévus dans la cour du Château Burbant au Palace, salle de la Maison Culturelle d’Ath. Nous voici donc confortablement installé pour le concert en acoustique du groupe punk-rock CORBILLARD (ça ne s’invente pas non). La moitié du quatuor est présente sur scène avec pour seules armes deux guitares acoustiques. Ils ont profité du confinement pour revisiter leur répertoire dans des versions acoustiques qui ont le mérite de m’être en valeur leurs textes engagés et réfléchis (à ne pas confondre avec ennuyeux. Ces versions s’apparentent parfois à de jolies balades faisant penser aux Innocents, Renan Luce ou même Jean-Jacques Goldman. Mais ils n’hésitent pas non plus à se faire bien plus nerveux en grattant frénétiquement leurs deux guitares et en éructant leurs paroles dans les micros. On avoue qu’une petite section rythmique pour accompagner l’ensemble aurait pu apporter un petit plus pour rajouter du relief à la prestation. Petit clin d’oeil typiquement punk également durant le concert lorsque le groupe confie avoir fouillé tous les frigos de la salle à la recherche de bières et n’avoir trouvé que de l’eau, déclarant que “ça faisait bizarre de boire ça mais que ça n’était pas mauvais non plus”.

Sur le coup de 22H ce sont ensuite les deux enragés de LA JUNGLE qui prennent le relais en annonçant tout de suite la couleur : “levez vous, venez près de la scène y a de la place!”. Cette phrase est reçue comme une bénédiction par la majorité des spectateurs qui se lève alors pour se précipiter au devant de la scène. Le duo transrock attaque d’entrée avec une puissance sonore et une débauche d’énergie complétement ahurissante. La force de frappe du groupe est énorme. On ne sait pas si c’est la privation de concert de ce type depuis trop longtemps qui nous donne cette impression, mais c’est une véritable déferlante sonore que le public se prend dans la face. Le batteur du groupe semble être constamment en train de jouer à 110%, ayant déjà dépassé le point de rupture et étant hors de tout contrôle. Pareil du coté de la guitare et des machines où tous les instruments sont malmenés, triturés avec folie et conviction. Rapidement les têtes et le reste des corps se mettent à bouger au rythme de la transe qui s’installe dans la salle, comme sur le titre “The End The Score” issu de leur dernier album qui va s’étirer sur près de 20 minutes dans une orgie sonore et visuelle aux allures de célébration paranormale. Au bout d’une heure de set, le groupe reviendra pour un rappel avec le titre “Technically You’re Dead” dans une version plus que vigoureuse. La Jungle reste un des groupes belges (et étrangers) les plus impressionnants à voir en concert. Ce n’est pas pour rien qu’ils ont assurés 5 concerts en 48 heures durant ce week-end de la Fête de la Musique.

Nous avons ensuite pris la route du Botanique et de l’Orangerie pour passer notre dimanche soir en compagnie d’OKAMY. Le concert était initialement prévu en extérieur mais là encore la météo s’est montrée mauvaise joueuse. C’est vers 20h45 que le Bruxellois (ancien chanteur des Recorders) est monté sur scène accompagné de son batteur pour un set d’une heure. Il vient défendre son très réussi premier album solo sorti en 2020 et qui, comme beaucoup d’autres artistes, n’a donc pas pu faire passer son projet à l’épreuve du live.

Voilà qui est donc chose faite avec ses titres pop-rock aux accents électros franchement pas désagréable à se mettre dans les oreilles. Et le garçon a bien fait les choses avec un lightshow classe et bien travaillé, et surtout avec une liste d’invités à rallonge pour l’accompagner sur un ou plusieurs titres : les guitaristes des Sunday Charmers et de Wild Shelter, l’ancien bassiste des Recorders (dont le batteur est aussi issu) , le rappeur Douma et une pianiste/choriste dont le nom nous a échappé. Tous ces guests donnent au concert un caractère unique et apporte chacun une touche de variété tout en restant cohérente, à l’image de l’album d’Okamy. On regrettera juste certaines transitions entre les morceaux qui furent un peu longues, cassant parfois l’énergie et l’ambiance de l’ensemble. Il n’est déjà pas toujours simple pour un artiste d’instaurer une ambiance quand le public est contraint de rester assis et masqués, mais ça Okamy n’y est pour rien. En dehors de ce petit bémol, on a assisté à un concert ambitieux et très pro.

Et c’est finalement ce lundi 21 juin que nous avons achevé notre périple au Parc de Bruxelles dans le cadre du magnifique Vaux Hall. Deux concerts sont à notre programme ce soir. Les Bruxellois de TUKAN montent sur la scène sur le coup de 19H. Les vainqueurs du dernier Concours Circuit sont attendus par un public aussi curieux qu’enthousiaste puisque le concert est annoncé comme complet. Et ca va très rapidement décoller avec leur mélange de rock, de jazz et d’électro servi par des bonnes basses bien senties et bien chaudes. La sauce prend et le public se met à danser à manifester bruyamment son enthousiasme, pour le plus grand plaisir du groupe sur scène. Tukan s’avère être une machine très efficace en live. On avoue qu’on était un peu resté sur notre faim en visionnant leur prestation en streaming dans le cadre du Concours Circuit, mais là, dans le cadre de la “vaie vie”, on a compris où se situait tout le potentiel du groupe !

C’est avec le duo électro-jazz et classique de GLASS MUSEUM que nous avons terminé la soirée. Le groupe tournaisien bénéficie d’une jolie notoriété aussi en Belgique qu’à l’étranger. Ils réussissent aussi à rassembler autour d’eux un public très diversifié, que ce soit par l’âge ou par les “tribus musicales”. On retrouve des amateurs de musiques électroniques et de dancefloor qui deviennent hystériques dès le premier beat envoyé dans les enceintes, et des amateurs de jazz, et des amateurs de musiques classiques plus conventionnelles. Et le duo composé d’un batteur et d’un pianiste/claviériste, qui se fait face sur scène, réussit à emmener tout ce petit monde avec lui pour un voyage musicale varié et riche. Les transitions  entre les styles musicaux se font en douceur et avec une fluidité qui rend l’ensemble très cohérent et font naturellement tomber les frontières musicales. Ce qui est finalement l’objectif de la Fête de la Musique : permettre à chacun de découvrir et de profiter aux mieux de la musique dans ses différentes et infinies facettes. MISSION ACCOMPLIE !

On aurait aimé pouvoir aller assister à un nombre incalculable de concerts tant la qualité de la programmation valait la peine, mais les annonces et confirmations de concerts furent tardives. Aussi, très honnêtement on pensait que La Fête de la Musique ne pourrait une fois encore pas avoir lieu . Tout ça avait finalement des airs de concerts “normaux” et on espère, aussi bien pour les spectateurs que les organisateurs, que cela sera la dernière année où il faudra composer avec des contraintes “sanitaires”. On ne peut que féliciter le Conseil de la Musique pour son travail en amont et durant la manifestation. la Fête de la Musique aura fait musicalement revivre Bruxelles et toute la Wallonie le temps d’un long w-end, et ce malgré une météo qui avait décidé de ne pas être toujours très collaborative.

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